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Conseils Haies

La Haie Bocagère : réservoir de biodiversité

5 janv. 2024

En 2023, aux pépinières LAFORET, nous avons fait intervenir une entomologiste, Johanna Villenave-Chasset, pour réaliser un diagnostic de la biodiversité auxiliaire présente sur l’entreprise. Il s’agit des insectes ou tout autre animal participant à réguler la pression des ravageurs des cultures. L’objectif est de s’appuyer sur la présence de cette biodiversité pour réduire l’utilisation des traitements phytosanitaires. Nous sommes plutôt bien dotés et c’est grâce en partie aux haies et prairies présentes à proximité de notre entreprise. Vous aussi, chez vous, vous pouvez créer des réservoirs de biodiversité. C’est le cas en optant pour une haie bocagère.

Qu’est-ce qu’une haie bocagère ?

Historiquement, les haies étaient utilisées pour délimiter les parcelles d’élevage ou de culture. Ce sont les fameux paysages de la campagne bretonne ou normande. Elles sont composées de différentes essences d’arbres, d’arbustes, et d’herbacées sauvages qui varient selon les régions. La faune y trouve à la fois de quoi se nourrir et un abri pour la nuit, pour hiberner, se reproduire ou pour se déplacer sans être repéré par les prédateurs.

Qui sont ces insectes et autres animaux auxiliaires ?

Trois principaux insectes nous sont utiles pour lutter contre les ravageurs au jardin. Retenez que pour l’essentiel d’entre eux, ce sont les larves qui se nourrissent des parasites. Les adultes, eux, se nourrissent davantage de pollen ou de nectar. C’est pourquoi les haies fleuries permettent de les attirer. Plus les fleurs seront diverses, plus vous attirerez des espèces différentes d’auxiliaires. 

Les plus connues : Les coccinelles

  • Leurs cibles : principalement les pucerons, quelques acariens et cochenilles selon les espèces.
  • Leur abri : arbres, arbustes, hautes herbes et feuilles mortes à l’approche de l’hiver
  • Période de présence : de mai à septembre

Un régime alimentaire diversifié : Les chrysopes

  • Leurs cibles : cochenilles, pucerons (jusqu’à 30/jour), thrips, aleurodes, acariens, les ravageurs ciblés sont divers, surtout si vous attirez plusieurs espèces de chrysopes. 
  • Leur abri : hivernent dans les haies (dont feuilles persistantes tels que houx et lierre), les feuilles mortes (notamment chêne, hêtre et charme) et les boîtes d’hivernage
  • Période de présence : de mai à septembre 

Les moins frileuses : Les syrphes

  • Ce qu’elles mangent : préfèrent les pucerons (jusqu’à 30/jour) mais aussi des larves d’autres insectes, voire des chenilles
  • Leur abri : hivernent dans les tiges creuses des haies, hôtels à insectes et dans les arbres et arbustes à feuilles persistantes (houx et lierre)
  • Période de présence : de mars à octobre (il est donc préférable d’avoir des fleurs sur toute cette période !)

Les oiseaux insectivores ou omnivores participent également à lutter contre les ravageurs. Les mésanges, bleue et charbonnière, se nourrissent d’insectes et de chenilles pendant la belle saison, puis de graines pendant l’hiver. Le rouge-gorge est également omnivore. Il se nourrit d’insectes et d’escargots, mais aussi de baies et de petits fruits.

 

Comment composer sa haie utile ?

Les essences locales sont à privilégier si vous souhaiter accueillir les auxiliaires. L’objectif est d’offrir à manger (pollen, nectar) et des abris (tiges creuses, feuilles mortes, feuillage). Mélangez donc les périodes de floraison pour qu’elles s’étalent sur toute l’année et mélangez les caducs et les persistants pour attirer des insectes utiles variés, qui hivernent dans l’un ou l’autre. 

Échelonner les floraisons

  • Noisetier, prunellier, viorne tin pour une floraison précoce en fin d’hiver-début printemps
  • Les fruitiers peuvent fournir une floraison printanière et le viorne obier ont également une floraison attractive
  • Laisser le lierre dans votre haie car il fournit une floraison tardive et des fruits riches en lipides en fin d’hiver pour les oiseaux. 

Proposer des fruits variés

Et des abris divers : Le charme commun, l’orme, le cornouiller sanguin, le troène commun et le houx ou l’érable champêtre sont également des essences qui offrent de bons abris aux insectes auxiliaires.  

Les petits terrains peuvent aussi opter pour une haie réservoir en ciblant davantage les arbustes et petits arbres : viornetroène, cornouiller, noisetierhoux

Comment planter sa haie champêtre ?

Disposition des plants

La haie bocagère se plante idéalement en deux lignes espacées de 60 cm, où les plants sont en quinconce, distancés d’1 m. Les petits espaces préfèreront une seule ligne sur laquelle les plants seront séparés de 80 cm. Pour les grands espaces pouvant se permettre la plantation d’arbres, placez-les à l’arrière, prévoyez au moins 4 m de séparation avec les autres plants. Comme son nom l’indique, il s’agit ici de diversifier et de mélanger les feuillages, floraisons ou fruits des différentes espèces.

Plantation des plants

Pour la plantation, on creuse un trou un peu plus grand que la taille de la motte de votre plant. On pose un à deux cônes d'engrais dans le fond du trou (par pied pour booster la pousse) puis on remet un peu de terre pour que les racines du plant ne soient pas en contact direct avec l’engrais. On procède à la plantation en installant le plant dans le trou et en comblant l’espace entre le bord du trou et le plant avec un mélange de terre de jardin et de bon terreau professionnel. Après avoir planté, on arrose même s'il pleut. Cela permet de lier les racines au sol et de faciliter la reprise. Lors de la première année, On arrose régulièrement (1 à 2 fois par semaine) le temps que les plantes développent leur système racinaire et puissent être autonomes les années suivantes.

Quel entretien pour sa haie refuge ?

La haie réservoir ne se taille qu’une fois l’an par un élagage doux, idéalement autour de septembre octobre car la période de nidification des oiseaux est terminée et l’hibernation des insectes auxiliaires n’a pas commencée. Il est fortement déconseillé de tailler entre la mi-mars et la mi-août, période de nidification des oiseaux. Les déloger pendant ce moment de leur cycle de vie ne correspond pas à la démarche visée ici.

Quels sont les autres bénéfices d’une haie bocagère ?

Favoriser la biodiversité n’est qu’un des nombreux avantages que procure la plantation d’une haie. En effet, terminons cet article avec une très belle illustration regroupant l’ensemble des services que le végétal et notamment les arbres peuvent nous offrir.

Pour en savoir + : 

  • Biodiversité fonctionnelle : protection des cultures et auxiliaires sauvages, de Johanna Villenave-Chasset, aux éditions France Agricole
  • Le site internet de la LPO